Le musée
Villa la Sapinière
La collection publique de Barcelonnette, 1893-1934
Les collections du musée historique de Barcelonnette remontent au 19e siècle et sont étroitement liées au rôle des collectionneurs et érudits locaux parmi lesquels : Le notaire polygraphe François Arnaud (1843-1908), le voyageur-naturaliste Émile Chabrand (1843-1893) ou encore l'abbé Joseph-Adolphe Caire (1809-1884), ornithologue reconnu.
Au début du 20e siècle, les édiles prennent le relais, principalement le sénateur bas-alpin André Honnorat (1868-1950), épaulé par l’historien et ethnographe provençal, fondateur et animateur des Saisons d’Art Alpin, Marcel Provence (1892-1951).
Les deux hommes vont œuvrer ensemble à l’enrichissement du musée en gestation, constitué autour du cabinet de curiosité d’Émile Chabrand (legs 1893), de la collection de bronzes de François Arnaud, et du mobilier religieux (tableaux et éléments de retable) provenant de la chapelle Saint-Maurice démolie en 1934.
Le soutien de Georges Henri Rivière, 1947
Installé au premier étage du nouvel hôtel de ville (1934) qui accueille toute à la fois, le tribunal, la caisse d’Épargne, le musée embryonnaire rêvé par André Honnorat va recevoir le soutien précoce de la direction des Musées de France, et de Georges-Henri Rivière (1897-1987) venu en inspection à Barcelonnette le 31 mars 1947. Le muséologue et fondateur du Musée national des arts et traditions populaires (MATP) à Paris, propose à la ville de Barcelonnette de solliciter aussi l’appui « de vos compatriotes habitant le Mexique pour qu’ils rapportent des objets mexicains, anciens et authentiques (…). Le musée ainsi réinstallé et où seraient évoquées l’art, l’histoire locale et le Mexique, deviendrait un attrait pour les touristes qui viennent nombreux à Barcelonnette ».
Des donations d’art religieux (peintures), des collections de dessins et de photographies, des pièces précolombiennes affluent vers le musée, portées par les émigrants de retour en Ubaye ou toujours en activité. En 1948, l’émigrant Antoine Signoret (1892-1971) qui dirige le Puerto de Veracruz, l’un des grands magasins de Mexico, fait un don de 500 000 francs « pour aménager un musée régional dans une des salles de notre mairie ». Vingt-trois ans plus tard, Antoine Signoret lègue, par voie testamentaire, sa villa de Barcelonnette, La Sapinière, qui abritera le nouveau musée de la Vallée !
Le musée de la Vallée, 1984-1988
En 1983, la ville de Barcelonnette (municipalité Jean Chabre), avec le soutien de l'association culturelle Sabença de la Valéia (1980), présidée par Pierre Martin-Charpenel (également adjoint à la culture), décide de réveiller son musée, et confie à l'architecte-muséographe Régine Got (MNES), l'élaboration d'un nouvel équipement muséographique destiné à prendre place dans La Sapinière, léguée par son dernier propriétaire (et généreux donateur), Antoine Signoret, mort à Mexico en 1971.
Cinq ans plus tard, en mars 1988, le musée refondé et baptisé Musée de la Vallée « qui s'adresse à toute la Vallée » (Pierre Martin-Charpenel) est inauguré avec pour partition : les habitants de la Vallée au rez-de-chaussée (archéologie, histoire, ethnographie) ; les habitants hors de la Vallée au premier étage (l'émigration au Mexique et le voyage autour du monde d'Émile Chabrand) et l'espace réservé aux expositions temporaires situé au second étage. Les réserves du musée sont logées dans les combles de la villa, ainsi que la conservation.
Une action patrimoniale sur le territoire : les années Pierre Coste (1988/2003)
Entre 1988 et 2003, le musée de la Vallée essaime sur d'autres communes de la Vallée, donnant naissance à un réseau de six antennes, baptisées "musées éclatés" et placées sous la tutelle intercommunale de la Communauté de communes de la Vallée de l'Ubaye (CCVU). Le musée de la Vallée, musée municipal et intercommunal, contrôlé par l’État, est alors placé sous la responsabilité scientifique du conservateur, Pierre Coste.
Le musée de la Vallée, éclaté en six lieux de la Vallée de l’Ubaye, sera une « manière de faire partager un patrimoine et des savoirs auxquels les Valéians sont attachés ». Chacun des six musées a ainsi choisi un thème qu’il présente à l’échelle de toute la Vallée et non de la seule commune qui l’accueille : Barcelonnette (Gens de l’Ubaye, gens des voyages) ; Saint-Paul-sur-Ubaye (Outils, gestes, travaux…) ; Pontis (Lire, écrire, compter, former des hommes) ; Jausiers (Vive destructrice, apprivoisée, l’eau…) ; Lauzet-sur-Ubaye (Un monde de cueillette et de chasse) ; Meyronnes-Saint-Ours (La Vallée et ses militaires).
Le Musée de la Vallée, labellisé musée de France en 2002, appartient au réseau des musées des Alpes-de-Haute-Provence (04).
Chantier et publication des collections
En 2004, placé sous la direction d’Hélène Homps, le musée de la Vallée à Barcelonnette (tête du réseau) ouvre un chantier des collections (inventaire, récolement, état sanitaire …) ; débute l’informatisation des collections (grâce à la mise à disposition du logiciel Athénéomusées par le Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence) et publie ses collections : Jean Caire et Marie Tonoir (2005) et la collection Américaine du musée de la Vallée (2006).
Trois nouvelles salles sont créées : la salle beaux-arts (en lieu et place de la salle dédiée aux expositions temporaires) qui devient en 2005, la salle rouge, et accueille le fonds beaux-arts du musée de la Vallée (principalement les peintures de Jean Caire et Marie Tonoir) ; la salle des collections Américaines (2007) qui donne à voir les 1000 petits chefs-d’œuvre d’art populaire du Mexique ; et la salle d’archéologie ouverte en 2012, avec la présentation des bronzes de l’ancienne collection Ollivier (donation Gleize). La salle Émile Chabrand, entièrement rénovée, accueille une évocation du cabinet de curiosités de l’ancien voyageur-naturaliste.
Entre 2005 et 2014, le musée obtient de nombreux dépôts et prêts des autres collections publiques de France qui concernent principalement la collection de peintures constituée autour de l’œuvre des peintres Jean Caire et Marie Tonoir , en provenance des musées : musée des Beaux-Arts-Palais Longchamp (Marseille), musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris) ; musée des Beaux-Arts-Palais Saint-Pierre, musée des Hospices Civils et le musée des Confluences (Lyon), sans oublier le prêt du musée Gassendi (Digne-les-Bains).
2018, le musée fête ses trente ans
Mobilisé, aux côtés de la Sabença de la Valéia, par le projet de recherche confié à Laura Fossati sur les Gens de l’Ubaye-Gens du Piémont (2014-2018) le musée réfléchit à de nouveaux contenus pour la salle des Gens de la Vallée.
En mars 2018, la Sapinière fête ses 140 ans (1878-2018) et le musée de la Vallée ses 30 ans (1988-2018), avec une grande exposition intitulée « Quand les Ubayens rencontrent l’Orient », en collaboration avec le musée des Confluences (Lyon) et le collectionneur, descendant du studio Maure, Gilles Dupont.
Le musée fait aussi peau neuve, grâce aux chantiers de la véranda (rénovée et vitrée), de la toiture (qui retrouve ses ardoises) et une nouvelle scénographie qui débute le parcours de visite des collections.
Une nouvelle scénographie au coeur des Alpes 2019
Inaugurée le 1er décembre 2019, la nouvelle scénographie de la salle entièrement rénovée des Gens de la Vallée, gens des voyages, a été confiée aux scénographes italiens Lara Zappa et Fabio Reveteria du Studio Officina82, épaulés par Costanza Matteucci. Un nouveau parcours à la fois élégant, interactif, et sonore, permet aux visiteurs de voyager dans les nouvelles histoires, qui parlent des bergers, des marchands colporteurs, des porteurs de curiosités, et surtout, des immigrants Piémontais, venus travailler et s’installer en Ubaye, - vallée frontalière de tout temps liée et reliée au Piémont.
Signés Lorenzo Delfino, les portraits photographiques des « Gens de l’Ubaye-Gens du Piémont » accompagnent les portraits sonores recueillis par Laura Fossati, et ceux collectés par Nuto Revelli (1919-2004) et mis à disposition par la Fondation Nuto Revelli Onlus. La nouvelle scénographie a aussi bénéficié de l’étroite collaboration de la maison-natale musée de Joseph-Benoît Cottolengo à Bra, prêtre italien descendant d’un Couttolenc originaire de l’Ubaye (Saint-Pons). Au cœur de la véranda (qui a été entièrement vitrée), les trois bronzes, Trois Pèlerins dans la nuit, du sculpteur d’origine piémontaise Jean-Louis Raina (1929-2019), constitue la nouvelle identité visuelle de la salle des Gens de la Vallée réinventée.
Un programme de coopération transfrontalière entre la France et l'Italie, entre l'Ubaye et le Piémont
La rénovation et la modernisation de l’équipement muséographique du musée de la Vallée ont été rendues possible grâce à un programme de coopération territoriale européenne ; un programme transfrontalier entre la France et l'Italie (Interreg-Alcotra). Baptisé « Mig’rAction », le projet est porté par la Commune de Barcelonnette aux côtés de quatre partenaires italiens (la commune de Vinadio, le Filatoio Rosso de Caraglio, la Fondation Nuto Revelli Onlus de Paraloup, et la troupe Acti Teatri de Turin ) et permet à chacun des partenaires d’évoquer l’histoire des migrations et de la frontière comme fondatrices d’une identité locale. La mise en place d’une promotion touristique commune propose un itinéraire entre les quatre musées du territoire transfrontalier partenaires : le musée de la montagne dans le fort de Vinadio, le Filatoio, Le Musée de la Vallée, La Sapinière et le Refuge de Paraloup et son musée virtuel. http://migraction.eu
Le soutien de la Fondation du Patrimoine – Mission Bern
La ville de Barcelonnette a bénéficié du soutien de la Fondation du Patrimoine pour mener à bien son projet de rénovation et de modernisation du musée et de la villa La Sapinière qui constitue la toute première œuvre du musée de la Vallée. Le projet de rénovation de La Sapinière, sélectionné parmi les quatre projets emblématiques portés par la région SUD, a aussi été retenu par la Mission Stéphane Bern (2019), bénéficiant du soutien financier du Loto du Patrimoine (Mission Patrimoine de la Française des Jeux) et pour laquelle une vidéo a été réalisée en vue de partager avec le public l’avancée du chantier.
Pour aller plus loin...
La Sapinière
Des collections ouvertes sur le monde & les autres cultures.
Le 19 janvier 2012, le musée de la Vallée à Barcelonnette, installé dans la Sapinière, a présenté au conseil municipal son nouveau projet scientifique et culturel : l’occasion pour le musée labellisé musée de France depuis 2002, de définir son positionnement et ce qui fait aujourd’hui sa singularité au sein des collections publiques françaises.
Nous vous proposons de découvrir ses collections venues d’ailleurs à la faveur de deux donations exceptionnelles récentes : la donation Mondielli (été 2011) et la donation Louppe-Gassier (février 2012).
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